4 against the odds / UKANDANZ

Plus de dix ans après le lancement de l’épopée Ukandanz, les premiers explorateurs
de ce déroutant ethiopian crunch sont retournés aux sources de leur musique. Une
formule instrumentale, en quartet, qui sait encore être magique sans la voix de leur
chanteur charismatique Asnake Gebreyes. Les contrebandes de l’esprit continuent
de traverser les frontières, malgré les restrictions de déplacement imposées avec la
crise sanitaire… Particulièrement chez les artistes rompus à l’art de ce fameux
« crunch », appellation sexy d’un syncrétisme musical explosif.

« Four Against The Odds » : le titre ce cinquième album résonne comme un
nouveau défi. Et si la recette reste sensiblement la même, l’énergie se renouvelle
encore. On retrouve les influences qui ont toujours guidé le groupe, entre la riche
tradition musicale éthiopienne et sa relecture version contemporaine et libertaire. Les
polyrythmies fondamentales continuent d’exploser au contact du rock prog, punk et
expérimental. Chez Ukandanz, l’éthiojazz continue de soulever de la fonte et le
groupe nous offre une version toujours plus musclée du genre… On peut prendre les
paris, toutes les chances sont de leur côté !

Les mythologies du monde entier sont formelles : à tout nouvel univers, il faut une
impulsion créatrice. Pour Ukandanz, le big bang générateur s’appelle Damien
Cluzel. Compositeur et guitariste dès la première mouture du groupe, il revient avec
des cordes plus épaisses pour s’ouvrir un tout nouveau champ de possibles. Le
cuivre hurlant du saxophoniste Lionel Martin complète l’alliage de toujours, entre
douceur et bestialité. Le claviériste Fred Escoffier était à l’origine de l’aventure et il
n’a apparemment jamais perdu ses marques, excellent dans l’art de construire le
décor autant que dans celui de l’exploser à grands coups de furieuses
improvisations. Il fallait un coloriste percutant pour compléter l’équipée, un batteur
qui n’ait pas peur de se frotter à l’exubérance rythmique venue du cœur de l’Afrique :
Thomas Pierre s’ajoute à l’édifice !

© Amaury Rullière